Le prévisionniste
La planète Terre est un miracle au sein du système solaire : la vie foisonne et fascine, alors que seule une petite part de la biodiversité est connue. La richesse des espèces végétales et animales s’explique notamment par les nombreux climats, et ainsi par les phénomènes météo au sein de ces climats. C’est sans doute l’extraordinaire symbiose entre la nature minérale, vivante, et la troposphère qui explique ma passion pour la météo, et ce, bien avant mes 10 printemps. Cette sensibilité ne fait que s’enrichir tout au long de ma vie par l’émerveillement des phénomènes et de leur compréhension.
Je m’appelle Alexandre LETORT. A 32 ans en 2020, j’ai aujourd’hui la chance de vivre cette passion 365 jours par an puisqu’il s’agit de mon métier à 100%, jour et nuit, grâce à Météovergne, microentreprise existante depuis février 2017 et basée à Laqueuille (63), à environ 20 km à vol d’oiseau du puy de Sancy et du puy de Dôme : une situation idéale.
Adolescent, j’ai profité au cours des années 2000 de l‘explosion d’Internet et de la mise à disposition des données d’observations, de prévisions et de contenus scientifiques jusqu’à alors inaccessibles pour le grand public. J’ai conforté mes connaissances et compétences en météorologie : lectures assidues, acquisition d’une station météo professionnelle. Actif dans la communauté de passionnés de météo Oragenet, devenue aujourd’hui Infoclimat, je me suis alors engagé, à titre amateur, sur la voie de l’analyse et de l’interprétation des modèles numériques, qui sont les outils de la prévision.
Crédit photo : Pauline Sautarel
A 14 ans, je m’étais lancé dans la création d’un site Internet : Météomania, à travers lequel je partageais ma passion via des observations, des prévisions, la rédaction de dossiers suite à des phénomènes : déjà bien occupé ! Le microcosme des passionnés de météo m’avait alors accueilli avec beaucoup de sympathie et de messages d’encouragements. Mon activité m’avait ouvert les portes de France 2 puis France 3 (vidéo en bas de cette page).
Et puis place au BAC, aux études. Pas de concours pour accéder à Météo-France car je n’étais passez « matheux », les postes sont extrêmement réduits et au final, avec le recul, un métier au sein de cette structure qui aurait manqué de « terrain » et malmenée aujourd’hui par des décisions gouvernementales. Au cours de cette période, j’ai été moins présent pour partager ma passion sur Internet mais pour autant, elle ne m’a jamais quitté. Je suis titulaire d’un Master 2 de Géographie Physique, spécialité milieux aquatiques, après avoir validé une licence de Géographie et un Master 1 sur le thème de la dynamique des milieux naturels. Mes études m’ont donc permis de ne jamais quitter le thème de l’atmosphère et de ses interactions avec les autres éléments.
Après la vie étudiante, la vie active. Différents métiers : chargé de mission dans un bureau d’études en environnement, enseignant en histoire-géographie, vendeur à Décathlon, ou encore... banquier ! Des professions, souvent éloignées de mes envies, parfois enrichissantes, sources d’expériences et de nouvelles compétences. Mais j’ai aussi compris ce que je ne voulais pas faire de ma vie. C’est donc au cours de ma deuxième décennie que j’ai décidé de quitter un CDI pour me lancer dans l’aventure de Météovergne.
Alors pourquoi « Météovergne » ? Ou plutôt, pourquoi l’Auvergne, étant donné que je viens d’évoquer ma passion pour la météo. C’est une région que je fréquente depuis l’enfance, et plus particulièrement le secteur du Mont-Dore l’hiver et celui d’Ambert en période estivale. Très vite, j’ai compris que ces lieux uniques marquaient l’expression évidente de la symbiose évoquée au début de ce texte. Des saisons marquées, de la neige, des orages, des phénomènes singuliers, une nature ultra-dépendante de l’abondance d’eau au cœur des massifs, l’explosion des phénomènes et du milieu naturel au printemps, saison extraordinaire où l’on peut passer d’un temps estival à un contexte de plein hiver en quelques heures, et inversement.
La météo forge ainsi des milieux, des paysages, des curiosités, des infimes équilibres et pourtant essentiels, qui sont à l’œuvre dans ces milieux (relativement) préservés et uniques.
Aimer les massifs auvergnats, c’est accepter et admirer leurs atouts et leurs contraintes. C’est intégrer que le temps peut-être plus hivernal un 15 juillet qu’un 15 décembre, que la neige peut manquer l’hiver ou tomber en abondance en mai. C’est aussi comprendre qu’une belle nature verdoyante est dépendante de pluies généreuses : du soleil pour notre confort, c’est agréable, mais de longues semaines sans pluie et la nature se meurt.
Je tente ainsi, à travers mon travail à la fois de prévisionniste et de modeste pédagogue, de valoriser les massifs pour leurs singularités et non pour ce qu’on aimerait qu’ils soient à travers des images « cartes postales touristiques » où ils perdent alors toute leur richesse.
Crédit photo : Charles Bouche
Les phénomènes météo sont en effet souvent pas très « tendres » : l’altitude, couramment oubliée car on est vite trompé par de vastes plateaux pourtant situés à environ 1000 m d’altitude, des sommets du Sancy qui approchent les 2000 m, la proximité de l'océan (300 km à l’ouest, sans aucun obstacle, c'est peu pour une perturbation atlantique !) sont autant d’éléments d’une configuration géographique qui expliquent la richesse des climats auvergnats. Ainsi, alors que le cœur du Sancy sera arrosé de près de 2200 mm de précipitations par an, en faisant un des territoires les plus arrosés en France, le sud de la Limagne, à moins de 35 km à vol d’oiseau est un espace des plus secs du pays. Des contrastes extrêmes.
Météovergne m’offre ainsi la chance de travailler avec des phénomènes diversifiés, qui demandent humilité et rigueur. En plus de la satisfaction d‘offrir des services à de nombreux professionnels et pratiquants des massifs, c’est un réel plaisir pour moi que d’établir des prévisions pour des lieux qui me sont chers et d'expliquer le plus pédagogiquement possible, les mécanismes complexes du temps dans le massif du Sancy et la chaîne des Puys.
Je parcours les massifs grâce à différentes activités de pleine nature (à cheval, à pied, en raquettes, à ski,...). Chaque sortie est différente de la précédente. Les massifs ne manquent d’aucune ressources pour être compris, expliqués, valorisés et protégés.
Crédit photo : Robin Bar
Reportages télévisés au début des années 2000.
Passion... et timidité à l'époque ;).